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Australian voice
Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone
Les raisons officielles
[dropcap]N[/dropcap]ous savons tous que les gouvernements occidentaux, emmenés par les États-Unis et le Royaume-Uni, se sont retournés contre la Russie. Les raisons données par les médias sont nombreuses: la Russie a essayé d’empêcher l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne. La Russie a aidé les « rebelles pro-russes » à abattre le MH-17. La Russie a « envahi » illégalement la Crimée. Des milliers de troupes et de tanks russes combattent en Ukraine. Certains d’entre nous pensent que ces affirmations sont de la propagande de guerre à l’intention des citoyens de l’Ouest dans le but de justifier des sanctions contre la Russie et de faire monter les tensions militaires.
Les raisons géopolitiques
Beaucoup moins largement débattues, mais beaucoup plus importantes, il y a les raisons géopolitiques qui considèrent les zones de conflit entre les intérêts économiques des États-Unis et ceux de la Russie et de la Chine. Pour le moment, l’Union européenne est très dépendante de l’énergie russe. Les États-Unis aimeraient faire cesser cela. Le conflit en Ukraine est une part importante du processus de séparation économique de l’UE et de la Russie. Mais il y a aussi un programme plus vaste. La Chine et la Russie dirigent les BRICS, ce groupe de pays rassemblant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
Les pays des BRICS veulent développer un système économique mondial qui ne dépende pas du dollar US. Ils veulent être indépendants du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. La Chine a aussi suggéré à l’Europe qu’elle se joigne à elle et à la Russie dans ce qu’elles appellent la Nouvelle route de la soie, qui s’étend dans toute l’Eurasie, de Lisbonne à Shanghai. Inutile de dire qu’il n’y a pas de place pour les États-Unis dans ce plan, ce qui donne une autre raison de couper les liens économiques entre la Russie et l’Union européenne.
La raison secrète – La guerre qui n’a pas eu lieu
Tous ces facteurs sont importants, mais il y en a encore un autre, qui n’est jamais discuté dans les médias occidentaux. L’élément déclencheur de la soudaine hostilité contre la Russie et Poutine peut être trouvé dans presque tous les événements non déclarés qui se sont déroulés entre la fin d’août et le début de septembre 2013. Ce qui est arrivé dans cette période cruciale est qu’une attaque surprise de l’Otan contre la Syrie a été stoppée par la Russie. C’était probablement la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale qu’une attaque militaire planifiée par l’Occident était confrontée à une force suffisante pour exiger son annulation. On ne l’a pas dit aux gens en Occident parce que leurs dirigeants belliqueux au discours martial ont flanché. Ils ont reculé et ont décidé de changer leurs plans. Le nouveau plan : démolir l’Ukraine et s’emparer de la Crimée au profit de l’Otan. Cela n’a pas marché non plus, à l’évidence, et le désordre qu’ils ont créé est toujours là.
L’attaque US/France prévue sur la Syrie
Tôt le matin du samedi 31 août 2013, un officiel américain a téléphoné au cabinet du président Hollande pour lui dire d’attendre un appel d’Obama plus tard dans la journée. « Présumant que ce coup de téléphone du soir annoncerait le début des frappes aériennes états-uniennes (contre la Syrie), Hollande a donné l’ordre à son état-major de mettre au point leurs propres plans d’attaque. Les avions de combat Rafale ont été chargés de missiles de croisière Scalp, on a dit à leurs pilotes de lancer les missiles de 400 km de portée lorsqu’ils seraient sur la Méditerranée. »(1)
Autrement dit, à ce moment-là, les pilotes français et les troupes états-uniennes attendaient seulement l’ordre final du président Obama pour lancer leur attaque. Mais plus tard le même jour, à 18h15, Obama a appelé le président français pour lui dire que l’attaque programmée le 1er septembre à 3h du matin n’aurait pas lieu comme prévu. Il devait consulter le Congrès.(2)
Trois jours plus tard, à 06:16 GMT mardi 3 septembre, deux missiles dirigés vers la côte syrienne étaient lancés « depuis la partie centrale de la Méditerranée », mais ils n’ont pas atteint la Syrie.(3) « Les deux missiles se sont écrasés dans la mer. »(4) Il existe différents récits de ce qui s’est produit. Selon Israël Shamir :
« Un journal libanais, citant des sources diplomatiques, a affirmé que les missiles étaient lancés depuis une base aérienne de l’Otan en Espagne, et ils ont été abattus par un système naval embarqué mer-air de défense russe. Une autre explication proposée par Asia Timessoutient que les Russes ont utilisé leurs brouilleurs GPS, puissants et bon marché, pour rendre impuissants les Tomahawks, très chers, en les désorientant pour les rendre inopérants. Il y a encore une autre version, qui a attribué le lancement aux Israéliens, soit qu’ils aient tenté de provoquer le conflit soit qu’ils aient seulement observé les nuages, comme ils le prétendent. »(5)
Les navires de guerre étaient prêts
Il est difficile de savoir ce qu’il y a derrière ce lancement de missiles raté, mais cela n’a pas déclenché de guerre. Nous pouvons tous en être reconnaissants. Sur la carte ci-dessous, nous pouvons voir l’impressionnante collection de navires de guerre en position au large de la Syrie à l’époque.(6) Un article dans Global Research a parlé d’un « déploiement naval massif des États-Unis et de leurs alliés en Méditerranée orientale au large de la côte syrienne ainsi que dans la mer Rouge et dans le golfe Persique. » (7)
[dropcap]A[/dropcap] ce moment-là, il semblait presque certain que les États-Unis et leurs alliés lanceraient une attaque contre la Syrie. Au lieu de quoi, l’attaque prévue a été reportée sine die. Comme le dit Israël Shamir, « les volontés de fer de l’Amérique et de l’Eurasie s’étaient croisées en Méditerranée orientale », et les États-Unis ont subitement décidé de reculer devant ce grave conflit militaire. Un commentateur a plaisanté en disant qu’Obama avait finalement mérité son prix Nobel de la paix, après ça. Voici l’évaluation de la situation par le Saker, un opposant véhément à ce qu’il appelle l’Empire anglo-sioniste. Parce que, de par sa vie antérieure, le Saker a une connaissance intime du fonctionnement des affaires militaires de l’Otan.
« Moins remarqué, il y a eu l’envoi par la Russie d’une force navale opérationnelle, assemblée à la hâte mais compétente, sur la côte syrienne. Pas une force suffisamment importante pour battre la marine US, mais une force capable de fournir à l’armée syrienne une vision complète du ciel au-dessus et au-delà de la Syrie. Autrement dit, pour la première fois, les États-Unis ne pouvaient pas réaliser une attaque surprise sur la Syrie, pas avec des missiles de croisière, pas avec leur puissance aérienne. Pire, la Russie, l’Iran et le Hezbollah se sont lancés dans un programme caché et déclaré d’assistance matérielle et technique à la Syrie, qui a fini par vaincre l’insurrection wahhabite. » (8)
Pourquoi les États-Unis ont-ils modifié leurs plans?
Il nous est difficile de connaître toutes les manœuvres qui se sont déroulées en coulisses en août et en septembre 2013, mais le résultat final est clair. Après des années de tensions croissantes et de menaces, les États-Unis et leurs alliés ont décidé de ne pas attaquer la Syrie comme ils l’avaient prévu. Étant donné que la rhétorique et le déploiement militaire contre la Syrie semblaient suivre le scénario utilisé pour l’Irak et la Libye, il y a eu peu de débats en Occident sur les raisons pour lesquelles les États-Unis et leurs amis ont subitement changé leurs plans. Maintenant, avec le recul, nous pouvons voir que cette attaque directe ratée a mené à une attaque indirecte croissante et à la montée de ce qui est maintenant connu comme l’État islamique.
Deux des raisons évidentes que je peux déceler à ce changement soudain ne font pas partie des choses dont les dirigeants politiques occidentaux veulent débattre. L’une est le fait que ces guerres sont très impopulaires. Comme résultat des mensonges et des échecs innombrables révélés sur les guerres sauvages et inutiles en Afghanistan, en Irak et en Libye, il semble que certains politiciens écoutent leurs concitoyens. Comment pouvez-vous expliquer autrement la décision inattendue du parlement britannique, le jeudi 29 août, de voter contre la participation du Royaume-Uni à toute frappe contre la Syrie?
L’autre raison est l’étendue des concentrations de troupes de la Syrie, de la Russie et même de la Chine.(9) Les Russes et les Chinois n’ont pas seulement bloqué les États-Unis au Conseil de sécurité. Ils ont voté avec leur matériel militaire. Ils ne sont pas satisfaits de ce que les États-Unis avaient projeté pour la Syrie et ont fait clairement savoir qu’ils recourraient à la force pour les arrêter. Quand les Chinois ont-ils envoyé pour la dernière fois des navires de guerre en Méditerranée? La Russie et la Chine n’approuvent clairement pas la manière dont les États-Unis décident d’envahir un pays après l’autre.
Qu’est-ce que ça veut dire?
Pour des raisons qui sont faciles à imaginer, il y a eu peu de discussions sur la signification plus large de ces événements dans les médias occidentaux. Cependant, des commentateurs comme Israel Shamir et Pepe Escobar croient que ces événements signalent un changement important dans l’équilibre des pouvoirs dans le monde. Ce qui suit est tiré d’une présentation par Israel Shamir au Rhodes Forum le 5 octobre 2013 :
« Tout d’abord, la bonne nouvelle. L’hégémonie américaine, c’est du passé. La brute a été maîtrisée. Nous avons franchi le cap de Bonne-Espérance, symboliquement parlant, en septembre 2013. Avec la crise syrienne, le monde a opéré une bifurcation essentielle de l’Histoire moderne. C’était un quitte ou double, presque aussi risqué que la crise des missiles cubains de 1962.
Les risques d’une guerre totale étaient élevés, car les volontés de fer de l’Amérique et de l’Eurasie s’étaient croisées en Méditerranée orientale. Il faudra un certain temps pour que ce que nous avons vécu fasse son chemin dans les consciences: c’est normal pour des événements d’une telle ampleur. »(10)
Par Eurasie, il faut entendre la Russie et la Chine. En termes crus, ces deux pays ont simplement contraint les États-Unis à reculer et à annuler leurs plans de guerre. Généralement, les gens ordinaires aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans beaucoup d’autres pays étaient tout aussi opposés à l’attaque que le peuple syrien lui-même.
Pepe Escobar est encore plus dramatique. Écrivant le 17 octobre, après le recul syrien et l’arrêt du gouvernement à Washington, il explique qu’il y a eu un changement de politique à Beijing. Maintenant, pour la Chine, fini de mettre des gants diplomatiques. Il est temps de construire un monde désaméricanisé. Le temps est venu d’une monnaie de réserve internationale qui remplace le dollar US.(11) Cette nouvelle approche est présentée dans un éditorial de Xinhua.(12) La dernière paille pour eux était l’arrêt des États-Unis [faillite budgétaire bureaucratique, NdT] venant s’ajouter à la crise financière provoquée par les banques de Wall Street. Il cite ce qui est peut-être le paragraphe le plus important :
« Au lieu de remplir ses obligations comme une puissance dirigeante responsable, un Washington égocentrique a abusé de son statut de superpuissance et a même introduit davantage de chaos dans le monde en transférant ses risques financiers à l’étranger, provoquant des tensions régionales dans des conflits territoriaux, et menant des guerres injustifiées couvertes par des mensonges. »(13)
La Chine a au moins trois étapes pour cette nouvelle stratégie. La première est de stopper les aventures militaires des États-Unis. Toutes les nations doivent respecter le droit international et régler les conflits dans le cadre des Nations unies. La deuxième est d’élargir l’adhésion à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international pour inclure des pays émergents et en développement. La troisième est de travailler à une « nouvelle monnaie de réserve internationale qui doit être créée pour remplacer la domination du dollars US ».(14)
Peut-être est-ce pour cette raison que les dirigeants en Occident ne célèbrent pas la guerre qui n’a pas eu lieu. Les Russes et les Chinois ont forcé l’Occident à respecter le droit international et à éviter une guerre illégale. De plus, les Chinois voient cela comme le commencement d’une nouvelle ère dans la politique mondiale. Ils veulent désaméricaniser le monde. Cela signifie que les États-Unis et leur petit groupe d’amis en Europe de l’Ouest et au Japon devront reconnaître qu’ils ne peuvent pas prendre de leur propre chef toutes les décisions importantes dans le monde.
Notes :
1. Cité d’après un article de David Axe, « Les bombardiers français étaient chargés, les rebelles syriens étaient déployés – Tous attendaient le OK d’Obama pour attaquer »; https://medium.c
2. http://israelmat
6. https://fbcdn-sp
8. http://thesaker.
11. http://www.alter
12. http://news.xinh
13. http://news.xinh
14. http://www.alter
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